De plus en plus d’offres d’alimentations véganes pour chien et chat voient le jour. Mais faire de son matou un chat végan, est-ce bien sérieux ?
Sommaire
ToggleAlors, est-ce qu’un chat peut être végétalien ? 🤔
Vous êtes assis ?
Bien, alors respirez un grand coup, car il semblerait qu’en effet les chats, ou du moins certains, puissent adopter un régime alimentaire végan. C’est en tout cas ce que démontrent une étude récente et une revue de littérature*.
*une revue de littérature rassemble et analyse l’ensemble des articles scientifiques sur un sujet afin de délivrer le résumé de l’état de nos connaissances sur ce sujet.
Résultats d’une étude sur des chats canadiens et américains
Une étude publiée en 2021 a été réalisée sur 1 026 chats canadiens et américains (en anglais), dont 65 % (667 chats) sont nourris d’un régime à base de viande ; 18,2 % (187 chats) à base de végétaux ; 6,7 % (69 chats) de plantes et de viandes et 10 % (103 chats) d’un régime indéterminé.
Les informations ont été recueillies auprès des propriétaires qui devaient remplir un formulaire. Pour les chats végans, donc, il semblerait que ceux-ci :
- présentent moins de troubles de santé ;
- ont une meilleure longévité (aucune statistique ne l’a encore démontré) ;
- et qu’ils chassent moins que les autres chats (là encore, pas de données probantes pour le certifier).
Il s’agit d’une étude déclarative, aucun vétérinaire n’a diagnostiqué l’état de santé des chats dont il est question dans cette étude.
Résultats d’une revue de littérature (l’équivalent d’une méta-étude)
Concernant la revue de littérature publiée en 2023, elle porte sur l’impact d’un régime végan sur la santé des chiens et des chats (en anglais) et conclue qu’il n’existe aucune preuve convaincante d’impacts majeurs sur leur santé. Cependant, il est quand même précisé qu’il existe encore très peu d’études sur la question ou bien, lorsqu’elles existent, se focalisent sur un petit échantillon (c’est-à-dire un nombre de chats restreint) et sur une courte durée.
Les autrices de cette revue ajoutent qu’il y aurait également des preuves bénéfiques pour la santé des animaux végétaliens, relevés dans différentes études. Enfin, pour celles et ceux qui souhaiteraient les nourrir avec un régime végétalien, elles conseillent de passer par des produits présents dans le commerce, car ils seraient moins susceptibles d’entraîner des déséquilibres nutritionnels.
Le chat n’est-il pas un carnivore strict ? 🐈
Vous le remarquerez, dans la plupart des articles sur le sujet, les auteurs et autrices – témoignages de vétérinaires à l’appui – expliquent qu’il est absolument impossible de nourrir un chat avec un régime végétalien et que celui-ci serait contraire à ses impératifs biologiques, car un chat est « strictement carnivore ».
Que faut-il en penser ?
Les animaux s’adaptent à leur environnement
Prenons le cas du chien. Le développement de l’agriculture a influencé son génome, un exemple concret de coévolution bioculturelle pour utiliser de grands mots. Il y a à peu près 7 000 ans, le chien a développé un gène, le gène Amy2B, lui permettant de s’adapter au régime alimentaire fourni par les humains. Le chien est donc capable de s’alimenter au moyen de végétaux (attention cependant, il est nécessaire de passer par des produits spécialement formulés pour lui et son gabarit, étant donné qu’il a un besoin de protéines élevé).
Cela nous apprend que les espèces évoluent et qu’elles s’adaptent à leur environnement et leur alimentation.
Le chat est dit carnivore, car il mange de la viande (et donc ?)
Et si on y réfléchit, ce ne serait pas si improbable qu’un chat puisse être végétalien. David Olivier Whittier, un philosophe et militant de la cause animale depuis les années 1980, aborde la question sous un angle différent. Il explique que ce n’est pas parce que les chats sont carnivores qu’ils mangent de la viande, mais c’est parce qu’ils mangent de la viande qu’ils sont carnivores. Percevez-vous la différence ?
En philosophie, l’idée « parce qu’un chat mange/peut manger de la viande, alors il doit manger de la viande » est appelée un « paralogisme naturaliste ». C’est le fait d’affirmer que parce que « x fait/peut faire y » alors « x doit faire y ». Et le paralogisme naturaliste est un raisonnement qui n’est pas logique.
Aussi, pour lui, les chats n’ont pas besoin de viande, mais de certains nutriments qui s’y trouvent : protéines, graisse, vitamines, etc. Et il poursuit en notant qu’une alimentation composée exclusivement de viande est néfaste pour eux, car les reins sont trop sollicités pour éliminer les quantités d’azote provenant des protéines.
Comment nourrir son chat quand on adopte une alimentation végane ? 🌾
Si vous voulez tenter la nourriture végane pour votre chat ou votre chien, sachez qu’il est vivement déconseillé de le nourrir comme le ferait un humain avec un régime végétalien.
Voici 4 étapes pour procéder au mieux.
1. Connaître les nutriments et produits nécessaires pour son chat
Les nutriments qui doivent absolument être présents dans la nourriture pour chat
📌 Votre chat a des besoins nutritionnels spécifiques :
- protéines (25 % de leurs apports énergétiques) ;
- taurine ;
- vitamine A ;
- vitamine D3 ;
- vitamine B12 ;
- acide arachidonique ;
- EPA (acide eicosapentaénoïque) ;
- DHA (acide docosahexaénoïque).
Avant d’acheter un produit, vérifiez que leur composition et leurs apports soient suffisants (sur le site de la marque ou sur l’emballage du produit).
Sachez que seule la mention des teneurs en vitamine A, D3 et E et celles en protéine brute, matières grasses, cellulose brute, et en humidité (pour les pâtés uniquement) ainsi que celles des cendres brutes (minéraux) sont obligatoires.
Deux manières de bien nourrir son chat (ou chien) végan
Évitez absolument les rations ménagères, c’est-à-dire les repas faits maison, qui présentent plus de risques de déséquilibres alimentaires, à moins qu’elles soient conçues sur mesure par un vétérinaire. Vous devez opter pour des aliments végétaliens spécialement pensés pour les besoins des chiens et chats.
Pour nourrir votre compagnon sans risque, deux solutions se présentent à vous :
- vous supplémentez votre chat de compléments alimentaires (en vous renseignant auprès de votre vétérinaire pour en connaître les doses journalières) ;
- ou bien vous choisissez les produits alimentaires dédiés aux chats végétaliens qui en contiennent (en veillant bien aux quantités recommandées notées sur le site ou les emballages, à adopter au profil de chaque chat), cette option est la plus recommandée.
De manière générale, et car un rappel ne fait pas de mal : évitez le chocolat, le raisin, l’ail, l’oignon ainsi que les noix de macadamia et l’avocat.
2. Se tourner en boutique et sur des sites proposant des croquettes et pâtés végans
Encore faut-il mettre la main sur ces produits « spécial animaux végans », car difficile de trouver ce genre de croquettes ou pâtés dans la grande surface du coin…
Notez que dans les grandes villes, il peut exister des épiceries véganes qui en proposent. Autrement, rendez-vous en ligne sur des sites spécialisés comme :
- Official Vegan Shop ;
- Mon Épicerie Paris (livraison en banlieue proche de Paris) ;
- Vegusto ;
- Veggie Animals (en anglais) ;
- Veggiepets.com (en anglais).
Très souvent, ils proposent aussi bien des croquettes, des croquettes pour chiots, des pâtés ou pâtés mixtes (convenant pour chat et chien), des biscuits à croquer, etc.
3. Privilégier des marques sûres et reconnues (Benevo, Vegusto, Ami, etc.)
Aujourd’hui, il existe de plus en plus de marques véganes à destination des animaux domestiques.
Préférez des marques sûres du fait de leur longévité sur le marché, leur réputation, la qualité de leurs produits, qui répondent aux clients ou encore qui travaillent avec des vétérinaires lors de l’élaboration.
Trois marques reconnues proposent des aliments végans pour chiens et chats :
- Benevo ;
- Ami (Ami Pet Food) ;
- Vegusto.
Les produits proposés sont complémentés et rééquilibrés avec des vitamines, minéraux et acides aminés. Notez d’ailleurs que les croquettes et pâtés à base d’animaux sont également, pour la plupart, supplémentés en nutriments.
4. Réaliser une transition vers l’alimentation végétale
Afin d’éviter des problèmes digestifs, il est vivement conseillé de réaliser une transition pour passer de l’ancienne à la nouvelle alimentation. Elle permet également au chat de se familiariser avec ses nouveaux aliments (d’autant plus judicieux s’il est particulièrement réticent à la nouveauté).
Y aller étape par étape
📌 Les étapes pour réaliser la transition de votre chat vers une alimentation végétale :
- Les 2ers jours : donnez 3/4 de l’ancienne alimentation et 1/4 de la nouvelle ;
- Les 3e et 4e jours : donnez 1/2 de l’ancienne et 1/2 de la nouvelle ;
- Les 5e et 6e jours : donnez 1/4 de l’ancienne et 3/4 de la nouvelle ;
- Le 7e jour : vous pouvez nourrir votre chat de sa nouvelle alimentation.
Bien sûr il s’agit d’une méthode type, vous pouvez prendre votre temps en étant attentif à la manière dont votre chat réagit. Très souvent, il faudra même commencer par de plus petites portions : 1/10 de la nouvelle alimentation le 1er jour, 2/10 le jour suivant, etc.
La transition peut durer plus longtemps selon sa sensibilité digestive, il faut du temps à la flore intestinale pour s’ajuster. Pour les chiens, elle est généralement plus rapide : entre une à deux semaines.
Rendre la nourriture appétissante
Afin de rendre la nourriture plus appétissante, vous pouvez la mixer avec l’ancienne alimentation, l’humidifier, y ajouter un filet d’huile d’olive, des paillettes de levure maltée (surtout, ne donnez jamais de levure de boulanger ou levure chimique) ou encore des paillettes d’algues.
Être très attentif
Si votre chat n’a rien mangé durant près de 24h, il faut s’inquiéter. Dans ce cas : changez de marques, transitionnez encore plus en douceur ou revenez en arrière dans la phase d’adaptation. Et si vous ne voyez pas de résultats, consultez d’urgence un vétérinaire.
Soyez particulièrement vigilant à l’état de santé de votre chat : selle, absence de démangeaisons, pH urinaire et état général (on vous partage plus de détails un peu plus bas).
Quels sont les signes que le régime végétarien de mon chat représente un danger ? ⚠️
Bien que dans certains cas, changer l’alimentation de son chat peut présenter des risques, ces derniers sont connus et documentés. On peut donc les repérer suffisamment tôt afin de mieux adapter la transition alimentaire de son félin.
Le plus gros risque : une insuffisance rénale
Sachez que lorsqu’un chat adopte une alimentation végétale, il est possible que malheureusement il ne puisse pas bien assimiler les vitamines. Et l’un des plus gros risques est l’augmentation d’insuffisances rénales avec l’apparition de cystites et d’infections urinaires chez les femelles et la formation de calculs rénaux chez les mâles. De plus, certaines pathologies ne permettent pas aux chiens et aux chats de se nourrir avec une alimentation végétale.
Les symptômes à surveiller
Si votre chat présente ces symptômes, consultez urgemment un vétérinaire au risque d’un empoisonnement du sang :
- des difficultés à uriner ;
- des tentatives répétées pour uriner ;
- un léchage frénétique de la zone génitale ;
- du sang dans les urines.
Conseil : augmentez l’apport en eau de votre chat en lui proposant une eau fraîche régulière dans des bols larges disposés à différents endroits, en salant légèrement sa nourriture pour l’inciter à boire, en alternant croquettes et pâtés, en humidifiant son repas avec de l’eau peu minéralisée ou une purée de légumes, etc.
De manière générale, au quotidien, d’autres signes peuvent vous indiquer que votre chat est en mauvaise santé :
- troubles de la vision : se heurte aux meubles et objets, se frotte souvent les yeux, louche, se déplace moins ;
- dermatites : démangeaisons, épaississement et rougissement de la peau ;
- insuffisance cardiaque : toux grave, difficulté à respirer et essoufflement, perte de poids, paralysie des membres supérieurs ;
- problèmes urinaires : difficulté à uriner, tentatives fréquentes d’uriner et/ou dans des endroits non habituels ;
- gingivite : inflammation des gencives ;
- poils squameux : un poil gras et terne, perte abondante de poils ou plaques squameuses.
La liste n’est pas exhaustive. Si vous avez le moindre doute concernant le bien être ou la santé de votre chat, prenez rendez-vous avec le vétérinaire.
Les contrôles réguliers chez le vétérinaire sont impératifs
Pour s’assurer de la bonne santé de votre chat végétalien et que celui-ci ne présente aucun problème, il est vivement recommander de faire régulièrement des contrôles et analyses. Seul un vétérinaire est en capacité d’établir un diagnostic concernant votre compagnon et d’affirmer si oui ou non il est en bonne santé.
Soyez plus particulièrement vigilants les deux premières semaines de leur alimentation végane. Pour les chats mâles et castrés, faites surveiller le pH de leur urine qui doit être compris entre 6 et 6,5 avant, pendant et après une transition. Cette surveillance est impérative pour les chats qui ont déjà eu des problèmes urinaires par le passé. Si la valeur du pH de votre chat n’est pas comprise sur cette fourchette, faites-lui faire plus d’exercice, incitez-le à boire plus d’eau (voir les conseils cités plus haut), en maintenant son pH en dessous de 6,5 au moyen d’acidifiants prescrits par un vétérinaire.
➡️ Mon chat n’aime pas sa nourriture végétale, que faire ?
On entend très souvent que les chats préfèrent la viande parce qu’ils sont carnivores, mais il semblerait que cela soit expliqué par leurs habitudes alimentaires.
Les habitudes alimentaires sont ancrées chez certains animaux et ces derniers sont alors plus réticents à goûter de nouveaux aliments. Un passage dans Diététique du chien & du chat, sorti en 1988, de Roger Wolter, médecin vétérinaire et professeur à l’École nationale vétérinaire d’Alfort en 1988 et membre de la Chaire de Nutrition et d’Alimentation à l’École vétérinaire de Lyon, illustre bien cette idée :
📖 Les préférences acquises au moment du sevrage découlent normalement de l’imitation du comportement maternel das les choix des aliments à partir de l’âge de 5 à 7 semaines. Ainsi, les jeunes carnivores s’habituent-ils à consommer les aliments maternels, même si ceux-ci ne sont pas les plus courants, et conservent durablement les mêmes goûts. Par exemple, des chatons dont la mère a été entraînée à ne consommer que de la banane ou des pommes de terre, n’acceptent que ces aliments et négligent la viande.
Ce conditionnement alimentaire inculqué dès la fin de l’allaitement est particulièrement tenace chez le chat qui est capable de se tenir à une consommation très exclusive, par exemple à base de foie de bœuf qui l’expose à une hypervitaminose A, en refusant une alimentation qui lui est inhabituelle. Toutefois, en ambiance sereine, le chat goût volontiers des aliments nouveaux, quitte à revenir ensuite à sa ration préférée.
Diététique du chient & du chat, R. Wolter, 1988
On comprend donc que le chat préfère manger ce qu’il a toujours mangé, même si ce n’est pas bon pour sa santé. C’est pourquoi il faut du temps pour qu’il change d’habitude et il faut faire preuve de patience. Aussi, si dans un premier temps votre chat ne souhaite pas manger de la nourriture végétale, il ne s’agit pas toujours de préférence personnelle, mais de méfiance.
Alors, convaincu ?
📌 Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser sur le groupe Facebook Chats et Chiens végétaliens. Vous trouverez également une mine d’informations sur le site VEGAnimalis consacré aux animaux végétaliens.